terça-feira, 16 de junho de 2020

I MUVRINI : « LE STADE EST UNE ÉCOLE »

Adepte de la non-violence qu'il prône chez les jeunes du centre de formation de l'AS Saint-Étienne et immense groupe musical corse, I Muvrini voue une grande amitié pour l'ASSE avec qui il vient de sortir une chanson et pour le football en général. Jean-François Bernardini raconte.

Vous êtes né près de Bastia, vous chantez parfois en français et vous supportez Saint-Étienne. Il est loin, le cliché du profil type corse !
Bien évidemment, le Sporting est mon club de cœur ! Bastia, c'est un membre de la famille. Ce sont des pages d'histoire, des joies, des larmes, des échecs, des trous noirs... C'est également la preuve merveilleuse que le petit peut renverser le plus grand, le symbole du point fort du football : tout est possible. Même un club qui vient d'une ville de 50 000 habitants peut renverser des montagnes, et vivre des moments incroyables.



Vous-même, vous avez tapé le cuir ?
J'aime profondément le foot. Pendant toute mon enfance, je me suis entraîné à frapper des coups francs contre une porte de garage avec ou sans gardien dans mon petit village de Taglio-Isolaccio. Je rêvais d'avoir un vrai ballon que je n'avais pas, et qu'il existe un vrai terrain qu'il n'y a jamais eu. On organisait des matchs sur une ancienne aire de battage de blé, sorte de petite colline. On jouait au sommet, avec des balles qui partaient de tous les côtés et dans la descente. C'était la plus belle pelouse du monde ! Oui, le foot est une passion. C'est un sport populaire, auquel on peut jouer partout à tout moment. Sur cent mètres carrés, avec un banc... On joue encore pendant les tournées, notamment quand on passe à Saint-Étienne.






« Quand le public italien siffle l'hymne français, qu'est-ce qu'on peut faire ? Rien, on est dépassé. Gianluigi Buffon, lui, se met à applaudir l'hymne à ce moment-là. Il est suivi par ses partenaires, et ensuite par tout le stade. Ce n'est pas génial, ça ? »
D'où vient justement votre lien, visiblement fort, avec l'ASSE ?
Avec les Verts, c'est une histoire d'amitié et de respect. Elle a commencé quand Bernard Champion nous a entendu parler de non-violence durant un concert, il y a environ six ans. Il est venu nous voir en nous disant qu'il y avait des choses à faire dans le foot sur cette thématique, notamment chez les jeunes. Sainté a été le premier club de France à déclarer que le foot avait besoin de la non-violence et à m'inviter pour parler de ça auprès de ses jeunes, de ses cadres et de ses supporters. Avec l'Afc-UMANI, association que je préside, nous avons donc organisé des journées là-dessus. Je suis allé à de multiples reprises parler non-violence au centre de formation, lors des stages puis dans des lycées de ville. Puis à Auxerre, puis au Sporting... Ont suivi des concerts, des événements. Depuis, il nous arrive de faire escale chez eux lorsque nous sommes dans la région. Les valeurs de la non-violence, dont le foot a tout à gagner, nous ont réunis comme une famille.







« Les rivalités ne devraient rester que sportives, mais comme les gens sont de plus en plus mal équipés et qu'ils ne se servent que de leur cerveau reptilien... »
Les jeunes sont réceptifs, à votre discours ?
Complètement, il restent pendant deux heures à vous écouter avec les yeux grands ouverts ! Ils ont besoin d'être libérés, car la violence constitue une aliénation de toi-même. Le stade est une école, où tu as droit à toutes les émotions, mais pas à tous les comportements. Le foot divise parfois, mais il rassemble surtout. Comme nous tous, les jeunes sont sensibles aux exemples. Prenons l'amical opposant l'Italie à la France en 2016, à Bari. Quand le public italien siffle l'hymne français, qu'est-ce qu'on peut faire ? Rien, on est dépassé. Gianluigi Buffon, lui, se met à applaudir l'hymne à ce moment-là. Il est suivi par ses partenaires, et ensuite par tout le stade. Ce n'est pas génial, ça ? Ça signifie qu'un geste sur une pelouse a un poids énorme, et qu'il peut tout renverser. Il balaye la bêtise, il change tout et il fait gagner tout le monde. Il s'agit du pas de côté, comme on dit pour la non-violence. Il n'y a pas que « Je m'écrase ou je frappe » , pas du tout. Les siffleurs ne sont pas bornés, ce ne sont pas des cons qui squattent les tribunes : il est possible de renverser une foule. Cette culture-là nous réconcilie avec nous-mêmes. Tu apprends à jongler avec le ballon, mais aussi à jongler avec tes émotions : tu as le droit d'être énervé contre un arbitre parce qu'il s'est trompé, mais pas de lui cracher à la gueule.



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