À la veille de son entrée en lice au deuxième tour préliminaire de Ligue Europa contre les Lettons de Ventspils, Bordeaux est dans le flou le plus total. Un recrutement au point mort, l'imbroglio Malcom et la probable vente du club sont autant de facteurs qui ont agité l'été bordelais.
Le souvenir de Videoton plane toujours sur Bordeaux. Les Girondins n'ont certainement pas oublié le fiasco de l'été dernier, cette élimination lors du troisième tour préliminaire de Ligue Europa face au modeste club hongrois (2-1, 0-1). «Si on a en tête le traumatisme de Videoton ? Bien sûr. Tout le monde parle de ça, et tout le monde regarde ce match, en ayant pour image l'année dernière», a commenté l'entraîneur Gustavo Poyet, lundi, sur RMC. Alors au moment de se rendre en Lettonie pour y affronter le FK Ventspils, il n'est pas question de commettre les mêmes erreurs, ni de commencer la compétition par un échec retentissant. A priori, la double confrontation est abordable pour le FCGB, mais le contexte actuel - mercato à l'arrêt et possible vente du club - perturbe le début de saison des Girondins.
Dans l'attente de la vente
Le feuilleton de la reprise du club dure maintenant depuis plusieurs mois. Propriétaires des Girondins de Bordeaux depuis 1999, M6 et Nicolas de Tavernost sont prêts à laisser la main au fonds d'investissement américain GAPC (General American Capital Partner LLC). Pourtant, l'affaire était mal engagée au mois de juin. Le président bordelais avait même fixé une date butoir, le 15 juin, pour faire aboutir les négociations. Tout cela, c'était avant que Joseph DaGrosa, le propriétaire de GAPC, ne s'affiche au Haillan aux côtés de Nicolas de Tavernost et Stéphane Martin le jour de la reprise, le 29 juin. Les discussions se sont donc poursuivies et, désormais, les deux parties seraient proches d'un accord. Cependant, subsistent quelques obstacles pour finaliser la vente, dont un essentiel : le montant du loyer annuel - 3,7 M€ jusqu'en 2045 - du Matmut Atlantique. Une charge que le fonds d'investissement entend faire diminuer.
Si la situation pourrait se débloquer dans les prochains jours, le flou autour de l'avenir du club est pesant. L'inquiétude est grandissante chez les salariés, ces derniers ne disposant d'aucune information sur le futur proche. Lors de la conférence de presse de rentrée le 3 juillet, Gustavo Poyet était déjà apparu très remonté par le contexte. «On ne peut pas se projeter au niveau de l'équipe, de la préparation, s'était agacé l'entraîneur des Girondins. Le nouveau propriétaire, lui, ne peut encore rien faire (...) En septembre ou en octobre prochain, tout le monde aura oublié mais moi je m'en souviendrai très bien.» Avant de poursuivre son analyse : «Le plus important pour un club de football, ça se passe l'été. Si tu fais les choses bien pendant l'été, c'est plus facile. Et nous, on n'a rien fait», avait poursuivi Poyet en conférence de presse. Lundi dernier, l'entraîneur en a rajouté une couche sur RMC, déplorant «attendre tous les jours des nouvelles.»
Après Malcom, le début du recrutement ?
Trois semaines plus tard, Bordeaux n'est pas plus avancé quant à son effectif version 2018-19. Si ce n'est que Malcom a été vendu à Barcelone pour une belle somme (41M€ + 1M€ en bonus) après avoir été en passe de s'engager avec l'AS Roma quelques heures plus tôt. Un nouveau rebondissement qui illustre bien la navigation à vue qui prévaut chez les Marine et Blanc. Maintenant que la pépite brésilienne est partie, l'objectif va donc être de lancer enfin le recrutement. «Si ça permet de débloquer la situation... Il faut aussi savoir que l'on parle de notre meilleur joueur, précisait Poyet sur RMC avant l'officialisation du départ du Brésilien. C'était notre meilleur buteur, celui qui faisait le plus de passes décisives, de différences.»
En plus de Diego Rolan, transféré à La Corogne (6 M€), Bordeaux a vu Martin Braithwaite et Soualiho Meïté repartir dans leurs clubs respectifs après leur passage en prêt. Sans pour autant enregistrer des renforts. Un immobilisme inquiétant auquel Poyet a réagi en alignant Younousse Sankharé au poste de numéro 9 samedi dernier lors du match amical contre le club de Bundesliga 2, l'Union Berlin (1-1). Et s'il peut espérer l'éclosion de certains jeunes comme Jules Koundé (19 ans), Aurélien Tchouaméni (18 ans) ou Zaydou Youssouf (19 ans), le technicien uruguayen est également conscient que son effectif a besoin d'être renforcé dans toutes ses lignes.
Pour le déplacement à Ventspils ce jeudi, Poyet a convoqué vingt-et-un joueurs sans Youssouf Sabaly et Théo Pellenard, tous les deux blessés. Après avoir arraché une sixième place inespérée en fin de saison dernière, Bordeaux s'apprête à lancer une nouvelle campagne européenne avec de nombreux doutes dans les têtes. Poyet avait d'ailleurs déjà préparé le terrain au début du mois : «Vous savez, je n'aime pas les excuses mais là tout le monde me donne la possibilité d'avoir beaucoup d'excuses le 26 juillet.» Premiers éléments de réponse demain après la manche aller contre les Lettons.