Nouveau milieu de terrain de l'Olympique Lyonnais, Bruno Guimarães va, autorisé par la LFP, endosser le numéro 39. Un chiffre symbolique et historique pour lui comme sa famille, qui met en avant un parcours marqué par les grandes villes du Brésil.
Elle vient des favelas, des campagnes et aussi des plages. L'histoire des joueurs brésiliens, aussi variée qu'enguirlandée, recèle des surprises. Celle de Bruno Guimarães commence par la grande ville, et pas n'importe laquelle. Rio de Janeiro la belle, la sulfureuse. «J'ai commencé à travailler à 14 ans dans un hôtel de Rio, nous raconte son père, Dick Gomez Rodriguez Moura, replongé dans ses souvenirs d'enfance. Et je suis devenu taxi en 1997, quand ma femme était enceinte de Bruno.» Hasard ou non, ce taxi ne quittera jamais le milieu de terrain, de ces moments innocents à aujourd'hui. Mieux, un chiffre enrichit les mémoires, le 39. «Il correspond au numéro du taxi dans lequel j'ai travaillé pendant 22 ans, poursuit le papa. C'était le seul que nous avions. Quand Bruno est allé jouer à Audax à São Paulo, nous allions lui rendre visite en taxi 39. À Curitiba également. 39 sera pour toujours dans nos vies.» Comme le football, en filigrane de la vie de famille et passion unique du rejeton. Sa mère l'explique à L'Équipe : «Il regardait tous les matches à la télévision, de la troisième division brésilienne aux Championnats européens. Il est tombé amoureux du Borussia Dortmund et d'Ilkay Gündogan.» Prometteur dès ses débuts, Bruno Guimarães enchaîne dans le même temps les clubs locaux. Vasco de Gama et Fluminense, entre autres...
Rio, São Paulo puis Curitiba
«Tous ont servi d'apprentissage, détaille Dick Gomes Rodriguez Moura. Nous avons vécu entre le futsal et le football sur le terrain. La plupart de nos amis viennent du football. Nous l'avons vécu intensément avec Bruno.» À 14 ans, sa vie bascule. Au revoir Rio, pour une toute autre mégapole. «C'est l'histoire la plus frappante pour moi et Marcia, sa maman. Quand Bruno a décidé de quitter la maison pour poursuivre son rêve. Je me souviens que nous nous étions assis à table pour parler et il avait déjà décidé de nous dire: “Papa, Maman, nous savions déjà qu'un jour, cela arriverait. Je vais réaliser mon rêve en jouant à Audax à São Paulo.” C'est alors qu'il a quitté Rio de Janeiro.»
«Un joueur créatif, courageux et polyvalent»
Il y trouve son bonheur, un endroit pour s'épanouir et se développer. Son parcours chez les jeunes est exemplaire, agents et recruteurs se pressent. Ceux de l'Athlético Paranaense, surtout, qui débauchent le jeune adulte de 19 ans après huit apparitions en pros. Les débuts sont ensuite prometteurs, et en même temps que les yeux rivés des fans, arrivent premières reconnaissances et intérêts européens. «C'est un joueur créatif, courageux et polyvalent, explique le directeur sportif de l'Athlético Paranaense, Paulo André, à nos confrères de L'Equipe. [...] Croyez-moi, ce gamin vaut de l'or.»
Juninho a demandé une dérogation
En Europe, deux clubs font les démarches les plus poussées : l'Atlético de Madrid, qui a une priorité d'achat et a déjà signé l'un de ses amis, l'excellent latéral gauche Renan Lodi, et l'Olympique Lyonnais, arrivé surprise dans la course au transfert pour le milieu de terrain de 22 ans. C'est Juninho qui mène le dossier, et lorsque tout est ficelé, une donnée revient : ce numéro 39, toujours. Le père du joueur poursuit de raconter ce lien si fort : «Dès que Bruno est allé à l'Athletico Paranaense, je lui ai dit que s'il pouvait choisir, il devait demander le maillot numéro 39. Il nous a toujours porté chance. Et, ironie du sort, Bruno n'a même pas eu à demander. Avant que Bruno ne dise qu'il aimerait avoir le numéro 39, on lui a remis le maillot exactement avec le 39.» Alors quand vient l'OL, et l'opportunité de jouer en Europe, le choix est vite fait. En France, pourtant, règles de la Ligue obligent, impossible d'endosser un tel chiffre - le numéro 30 est le maximum autorisé. Juninho prend l'initiative de demander une dérogation aux instances. Acceptée. Bruno Guimarães portera bien le 39 chez les Gones. Au grand bonheur de la famille, qui a suivi le fils jusqu'aux balades du Rhône après un tournoi pré-olympique réussi. «Le football dans notre famille a toujours été très important car Bruno, depuis son enfance, a toujours dit qu'il voulait être joueur, conclut le papa. En tant que parents, nous soutenons toujours son rêve. Et aujourd'hui, nous sommes fans de Lyon.» En attendant que les supporters de l'OL, eux, deviennent à leur tour fans de Bruno Guimarães.
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