Encore inconnu au printemps dernier, le nouvel entraîneur de l'AS Monaco s'est révélé en qualifiant avec brio l'Espagne pour l'Euro 2020. FF fait les présentations.
Un parcours peu académique
Ou plutôt très académique, c'est selon. Toujours est-il que Robert Moreno n'a pas emprunté la même voie que nombre de ses confrères. Contrairement à la plupart des techniciens actuellement en activité sur le Vieux Continent, l'ancien sélectionneur de la Roja n'a jamais été joueur professionnel. Diplômé en commerce international, le Catalan a fait son apparition dans le monde du football en tant que recruteur puis analyste vidéo. Jusqu'à ce qu'il soit repéré par Luis Enrique, qui l'emmènera dans ses valises partout où il entrainera. A Barcelone avec la réserve du Barça, d'abord, mais également à Rome et à Vigo, par la suite. Avant que le duo ne prenne les rênes de l'équipe première du FC Barcelone, en 2014. Dans le même temps, le néo-monégasque a par ailleurs écrit un livre sur un dispositif qui a longtemps eu ses faveurs : le 4-4-2 (Mi receta del 4-4-2).
Il n'a encore jamais dirigé de club professionnel
S'il a commencé à entraîner dès l'adolescence, Moreno s'est jusque-là contenté d'agréger ses compétences à celle d'un autre technicien. Celui-ci fut d'abord Enrique, donc, de la Roma (2011-2012) à la Roja (avant de devenir numéro 1 après que l'ancien entraîneur du Barça soit parti au chevet de sa fille, décédée depuis d'un cancer) en passant par le Celta (2013-2014) et Barcelone (2014-2017) mais également Juan Carlos Unzué, plus récemment, de nouveau à Vigo (2017-2018). Avant de se voir confier les commandes de la sélection de son pays, cela faisait donc près de dix ans que le Catalan répétait ses gammes, dans l'ombre de celui qui lui a offert sa première opportunité et sur quelques-uns des bancs les plus prestigieux de la planète foot.
Un bilan immaculé à la tête de la sélection...
La seule aventure de Moreno en tant que numéro 1 aura été un court mais franc succès, au moins du point de vue du jeu proposé et des résultats. A la tête de la Roja, celui qui a succédé à Enrique en mars n'a perdu aucune des neuf rencontres qu'il a dirigées (7 victoires, 2 nuls). Mieux, le Catalan est, sur la période, parvenu à replacer l'Espagne au centre de l'échiquier européen en redonnant de l'allant au traditionnel jeu de possession ibérique (nous y reviendrons). Au total, sous la mandature du jeune technicien, La Selección a inscrit 29 buts et n'en a concédé que 4. Un bilan à relativiser, toutefois, compte tenu de la faible opposition des adversaires rencontrés. En neuf matches, l'entraîneur ne s'est pour l'instant frotté qu'à un seul adversaire directement qualifié pour l'Euro 2020, la Suède. Et si l'Espagne s'est facilement imposée à l'aller (3-0) face aux Scandinaves, elle a coincé au retour (1-1).
... mais une histoire qui s'est (très) mal terminée
Un bilan sportif positif, donc, mais une fin d'aventure en forme d'affaire d'état. Car le souhait de l'intérimaire Moreno d'obtenir la garantie qu'il dirigerait l'équipe nationale durant l'Euro n'a pas vraiment été du goût de Luis Rubiales, le président de la Fédération espagnole, qui a fait le choix de redonner les pleins pouvoirs à son ancien entraîneur. Pis, Enrique, de retour aux affaires, n'a pas digéré le fait que son ancien collaborateur ait émis le souhait de conserver le poste. Durant sa (deuxième) conférence de presse de présentation, l'ancien du Barça n'a ainsi pas fait dans la demi-mesure : «Il est déloyal, avec une ambition démesurée».
Un entraîneur joueur mais pragmatique
Et du point de vue du jeu, alors ? Rapidement adoubé par ses joueurs et les supporters de la sélection nationale, Moreno doit la flatteuse réputation qui l'escorte désormais au fait d'avoir dépoussiéré certaines vieilles habitudes de la Roja. En remettant l'intensité au goût du jour, d'abord, et en prenant l'habitude d'appeler des joueurs pas ou peu habitués à être sélectionnés jusque-là. Le tout en faisant jouer l'équipe dans son dispositif traditionnel (le 4-3-3), alors même qu'il est l'un des plus fervents défenseurs du 4-4-2. Un schéma qu'il devrait vite pouvoir instaurer du côté de Monaco, au regard des forces en présence et notamment du duo Ben Yedder-Slimani.
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