Focus sur les choix et les réussites tactiques de Zinédine Zidane, un entraîneur pragmatique et cohérent
Depuis son arrivée sur le banc du Real Madrid, Zinédine Zidane fait des miracles et pourrait disputer une troisième finale de Ligue des champions consécutive. Le technicien français est considéré comme un excellent meneur d'hommes, souvent chanceux, mais il a aussi montré qu'il pouvait être un très bon tacticien.
«Vous n'avez pas tendance à remettre en cause son opinion, parce que vous savez combien il a été grand lorsqu'il était joueur.» Ces mots de Toni Kroos à propos de son entraîneur, dans un entretien accordé au site de l'UEFA la semaine dernière, sont certainement partagés par une grande partie du vestiaire madrilène. Cela ne fait aucun doute, le charisme et la carrière de joueur de Zinédine Zidane sont des atouts considérables pour diriger le Real Madrid. Mais est-ce vraiment suffisant pour remporter deux Ligues des champions consécutives ? Le technicien français n'est même plus très loin d'une troisième finale de C1 après le bel avantage pris contre le Bayern Munich la semaine dernière. Zidane est souvent résumé à un meneur d'hommes, né sous une bonne étoile. Pourtant, il a aussi prouvé qu'il pouvait être un fin tacticien.
Une ouverture d'esprit tactique
Zidane n'est pas un Pep Guardiola en puissance. L'ancien numéro 10 des Bleus ne fait pas partie de la catégorie des entraîneurs dogmatiques, dont le style est visible dès qu'ils arrivent sur le banc d'une équipe. Le Français est plutôt un pragmatique. Lors de ses six premiers mois au Real Madrid, il n'a rien révolutionné mais il s'est montré cohérent dans ses choix. Les schémas tactiques étaient clairs : soit un 4-3-3 avec le trident offensif Cristiano Ronaldo, Karim Benzema et Gareth Bale, la fameuse BBC, soit un 4-2-3-1 pour installer Isco ou James Rodriguez dans l'axe. Dans tous les cas, il pouvait s'appuyer sur la complémentarité entre Toni Kroos et Luka Modric au milieu de terrain. Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Les débuts de Zidane sont presque parfaits avec deux défaites sur ses vingt-sept premières rencontres à la tête du Real Madrid.
Seulement, rien n'est gravé dans le marbre pour «Zizou». Il ajuste ses choix en fonction de ses joueurs, de leur forme physique et de certaines circonstances. «Je m'adapte à eux, je ne leur demande pas de s'adapter à moi», avait-il déclaré en conférence de presse en mai 2016. Zidane est d'abord un adepte du turnover, il n'hésite pas à laisser certains cadres au repos entre deux échéances européennes. En outre, depuis sa deuxième saison, il a parfois tenté de nouveaux systèmes. Ainsi, il mettait en place un 3-5-2 (ou 5-3-2) pour un déplacement à Séville en janvier 2017. Le Real Madrid s'était incliné (1-2) et l'innovation du Français n'avait pas été une franche réussite, suscitant quelques critiques de la part des médias et supporters madrilènes. Cette saison, il a souvent fait jouer son équipe dans un 4-3-1-2 – le système dans lequel le Real a remporté la dernière Ligue des champions – qui permet à Cristiano Ronaldo d'exprimer ses qualités de finition à la pointe l'attaque (voir ci-dessous). Un schéma qui permet également à Isco, souvent placé en numéro 10, de faire le lien entre les joueurs offensifs.
Coaching gagnant et maîtrise face au PSG
La double confrontation contre le Paris Saint-Germain a permis à Zidane de gagner quelques points de crédibilité. Alors que le Real Madrid était mal en point en Championnat, le technicien a parfaitement (ou presque) géré son coup pour se qualifier aux dépens du PSG (3-1, 2-1). Pourtant, l'affaire était mal embarquée après l'ouverture du score d'Adrien Rabiot à Santiago Bernabeu. Puis, Zidane a montré qu'il excellait aussi dans le coaching. L'ancien international a modifié ses plans à la 79e minute quand il faisait entrer Lucas Vazquez et Marco Asensio à la place de Casemiro et Isco. Les deux attaquants étiraient la défense parisienne et les deux buts venaient du côté d'Asensio, dont l'entrée s'était avérée déterminante. Une réaction saluée par tous les observateurs, surtout quand en face, Unai Emery remplaçait Edinson Cavani par Thomas Meunier et tardait à sortir Giovanni Lo Celso. «On savait que le PSG ne pourrait pas continuer 90 minutes de cette façon, et on a essayé de mettre de la profondeur, avec Lucas et Asensio. Ils l'ont très bien fait, comme Gareth Bale. C'est ça qu'on cherchait et c'était bien joué», s'était réjoui Zidane après la rencontre.
Au match retour, c'était le même refrain. Cette fois, le Real Madrid ne laissait aucun espoir à Paris. L'entraîneur madrilène se permettait de laisser Toni Kroos et Luka Modric – très diminués – sur le banc et s'adaptait. Son 4-4-2 à plat déboussolait complètement les Parisiens. Le bloc compact, avec Casemiro et Mateo Kovacic dans l'entrejeu, empêchait le PSG de développer son jeu en contre. Sur les côtés, Vazquez et Asensio faisaient des efforts défensifs énormes. «En mettant Lucas (Vazquez) et Marco (Asensio), le but était d'avoir deux lignes de quatre avec deux joueurs sur les côtés pour défendre. Ils ont aidé les latéraux et l'ont bien fait (...) Tactiquement, on a fait ce que j'attendais», avait expliqué Zidane.
Le repositionnement gagnant de Cristiano Ronaldo
Zidane n'est pas non plus étranger au repositionnement de Cristiano Ronaldo. Depuis quelques saisons, le Portugais s'est converti en attaquant de pointe – un poste auquel il lui arrivait d'évoluer -, où il fait parler ses qualités de finisseur. Par conséquent, le Portugais s'éparpille moins dans son jeu pour être davantage présent dans la surface et être à la conclusion des actions. «Ronaldo a changé son jeu. Il se concentre moins sur les dribbles et plus sur la finition. C'est plus difficile de défendre contre lui car il a un incroyable timing», analysait Jérôme Boateng à Kicker en avril. Zidane a eu l'intelligence, encore une fois, de s'adapter à son joueur en lui laissant plus de liberté sur le terrain. Cristiano Ronaldo expliquait ce nouveau rôle sur le site de l'UEFA en mai 2017 : «Ma position sera toujours la même, ce que j'aime le plus c'est de jouer librement sur le front de l'attaque et c'est l'opportunité que m'accorde Zidane. Je joue librement.» Une autre réussite pour le champion du monde 1998. Comme dans tout, Zidane est parvenu à s'accomoder. Et la cohérence de ses choix et ses coups d'éclat font de lui un entraîneur qui compte aujourd'hui sur la scène européenne.
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