On ne l'attendait plus. Que fait précisément Nasser al-Khelaïfi au PSG depuis le 14 juin 2019, date du retour de Leonardo comme directeur sportif du club de la capitale ? Difficile de répondre. Non pas que le bonhomme chôme. C'est même tout le contraire. Dirigeant de Qatar Sports Investments, le fond souverain de Doha dédié au sport, vice-président de la Fédération asiatique de tennis, président de beIN Sports, désormais membre du comité exécutif de la puissante association européenne des clubs (ECA), Al-Khelaïfi ne cumule pas les mandats, il les empile. Sans surprise, on l'a moins vu, moins entendu ces derniers mois, alors que son nom trempait également dans un certain nombre d'affaires judiciaires, ce qui l'incitait peut-être aussi à planquer au chaud son distingué museau.
Un signe éventuel, aussi, que sans délaisser le PSG et la Ligue 1, il souhaitait prendre un peu plus de hauteur, notamment dans la gestion du secteur sportif du club francilien. Puis le Covid 19 est arrivé, et les emmerdes avec : Canal et beIN ont refusé de payer les droits TV qu'ils doivent à la LFP et les clubs s'en sont retournés vers le seul type qui semble capable de desserrer les cordons de la bourse des diffuseurs : Nasser al-Khelaïfi, évidemment.
Nasser les poings
Voilà désormais le dirigeant du PSG officieusement à la tête d'un groupe de quatre présidents, composé également de Jacques-Henri Eyraud, Jean-Pierre Rivère et Olivier Sadran, chargé de négocier avec Canal le paiement d'au moins une partie des droits TV que le groupe audiovisuel doit à la Ligue. À en croire une source de L'Équipe proche du boss francilien, c'est Maxime Saada, le grand manitou de Canal, qui aurait lui-même exigé la présence d'Al-Khelaïfi pour chapeauter les discussions : « C’est Saada qui a demandé à ce qu’il soit présent. Sinon, il n’y serait pas allé, même si ça fait sens que le patron d’un gros club discute avec les diffuseurs. Nasser aime davantage l’action que quand les choses ronronnent. C’est pour cela qu’il prend davantage la parole et le leadership. Il s’agace que les choses n’aillent pas plus vite et considère que les réunions avec trop de participants manquent d’efficacité. En fait, il s’inquiète de la situation. »
Jusqu'ici tout va bien ? Pas vraiment, car Nathalie Boy de la Tour, la présidente de la LFP, a logiquement pointé l'émergence d'un possible conflit d’intérêts. La chose est évidente : Nasser al-Khelaïfi est président de beIN Media Group, qui a aussi annoncé suspendre son paiement des droits TV de la Ligue 1 à la LFP. Et beIN est aussi, depuis quelques mois, en partenariat exclusif avec Canal+, qui deviendra à partir du 1er juin 2020 le distributeur exclusif de la chaîne qatarie sur toutes les plateformes en France. Autre bizarrerie, c'est bien avec la Ligue, et non pas avec le collectif de présidents désigné pour discuter avec Canal, que les chaînes ont signé les contrats en cours sur les droits TV. La constitution de ce quatuor chargé de négocier avec la chaîne cryptée dénoterait-elle une perte de contrôle des instances du football français sur le dossier ?
Ces dernières se sont manifestement résignées à refiler la patate chaude à Nasser al-Khelaïfi qui, en ces temps mouvementés, démontre que les intérêts qu'il représente sont la vraie clé de voûte économique du football national. Ajoutons que le président du PSG n'est évidemment pas le moins bien placé pour convaincre beIN de consentir à payer au moins une partie des 42 millions d'euros de droits TV que la chaîne refuse elle aussi de verser à la LFP. « Ce que Nasser va faire avec Canal +, en allant négocier avec Maxime Saada, il le fera avec beIN Sports si les autres clubs le lui demandent » , ajoute ainsi la source proche du dirigeant parisien dans L'Équipe.
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