Loin de faire l'unanimité au pays, Jorge Sampaoli est encore au centre des critiques en Argentine après le match nul contre l'Islande. Face à la Croatie, le sélectionneur argentin devrait effectuer plusieurs changements afin de véritablement lancer l'Albiceleste dans cette Coupe du monde.
Nul n'est prophète en son pays, Jorge Sampaoli l'a bien compris. Depuis sa nomination le 1er juin 2017, le sélectionneur de l'Argentine a déjà suscité de nombreuses interrogations et critiques. Très rapidement, ses choix tactiques ont été remis en cause par les médias argentins, interloqués par les absences sur le terrain de Paulo Dybala ou Mauro Icardi. Mais aussi agacés par l'état d'esprit affiché par la sélection version Sampaoli, trop nonchalante et sans âme. Dans un tel contexte, il valait mieux que l'Albiceleste ne manque pas son entrée en lice à la Coupe du monde. Mais l'Argentine a été accrochée par l'Islande (1-1) pour son premier match et l'ancien entraîneur du FC Séville a préféré relativiser. «Ce n'est que le début, on va apprendre de nos erreurs pour les prochains matches (...) Nous pensons que nos chances pour la suite sont les mêmes qu'avant le début de la compétition», a-t-il expliqué en conférence de presse. Seulement, en Argentine, les médias et les supporters sont beaucoup moins patients.
Diego Maradona : «En jouant ainsi, Sampaoli ne peut pas rentrer en Argentine»
Sampaoli serait-il trop dépendant de Lionel Messi ? Dans le jeu, c'est une possibilité, mais les médias argentins vont plus loin en pensant que le joueur de Barcelone pourrait avoir une influence sur ses choix. Déjà en mars dernier, le technicien avait crée la polémique en déclarant que l'équipe d'Argentine était «beaucoup plus celle de Messi» que la sienne. Naturellement, la presse nationale s'est donc interrogée sur les capacités de Sampaoli à décrocher la troisième étoile de l'Albiceleste après le match contre l'Islande. Parfois même d'une façon assez originale, à l'image d'une fausse interview publiée sur le site du quotidien La Nacion. Dans cet entretien parodique, le journaliste fait les questions et les réponses et n'hésite pas à se moquer du disciple de Marcelo Bielsa. «Je n'étudie pas trop les adversaires parce que je crois en mon instinct. J'ai lu sur Google que c'était une île de 300 000 habitants, sans tradition footballistique, peut-on lire sur le site web. Leur meilleur joueur ? Son. Il était partout.» Pas vraiment flatteur. Assimilé à un arrogant, Sampaoli est raillé pour son côté philosophe du football. Les Argentins, eux, attendent des résultats.
Diego Maradona, lui aussi, n'a pas été tendre avec le natif de Casilda. Présent dans les tribunes de l'Otkryrtie Arena, à Moscou, pour assister à la rencontre face à l'Islande, il a remis en cause le travail de Sampaoli sur la chaîne vénézuélienne Telesur. «Je crois qu'en jouant ainsi, Sampaoli ne peut pas rentrer en Argentine, c'est une honte, a-t-il lancé. Ne pas avoir préparé le match en sachant que l'Islande mesurait 1,90m...» Un tacle à la gorge signé «El pibe de oro», qui avait pourtant lui aussi reçu de nombreuses critiques lors du Mondial 2010 alors qu'il occupait sa place. Maradona ne s'est pas gêné pour en rajouter une couche, en tâchant de prendre la défense de Lionel Messi : «Je ne blâme pas les joueurs. Je peux blâmer le manque de travail. Mais je répète que je ne peux pas blâmer les joueurs et encore moins Messi, qui a donné tout ce qu'il avait à donner.» Un match et le climat est déjà très tendu, autant dire que Sampaoli n'a plus le droit à l'erreur.
Révolution tactique et choix forts contre la Croatie ?
Pour calmer ses détracteurs et surtout faire gagner son équipe, le technicien argentin envisagerait une mini révolution pour la rencontre face à la Croatie. Au revoir le 4-2-3-1, bonjour le 3-4-3 ? En tout cas, le système a été travaillé à l'entraînement d'après les médias nationaux. «Si contre l'Islande, c'était l'équipe de Lionel Messi, il semble que face à la Croatie, ce sera une bonne fois pour toute celle de Jorge Sampaoli», indique le journaliste Enrique Gastanaga sur le site du quotidien Clarin. Et il ne s'agit pas d'un changement brutal mais plutôt d'un retour aux fondamentaux. Un retour à un 3-4-3 (ou 3-4-2-1) qui avait déjà été utilisé par Sampaoli à son arrivée et notamment lors du succès contre l'Equateur (3-1), en octobre dernier, synonyme de qualification pour la Coupe du monde.
Trois joueurs feraient alors les frais de ce remaniement : Marcos Rojo, Lucas Biglia et Angel Di Maria. Trois «historiques» qui n'ont pas brillé contre l'Islande. Ainsi, Gabriel Mercado pourrait faire son retour dans une défense à trois et Javier Mascherano serait épaulé par Enzo Perez, Maximiliano Meza voire Giovani Lo Celso dans l'entrejeu. Mais les choix forts de Sampaoli pourraient être les titularisations de Marcos Acuna dans le rôle du piston et de Cristian Pavon aux côtés de Sergio Agüero et Messi en attaque. «Deux joueurs qui ne sont pas contaminés par le passé», explique le journaliste de Clarin. L'Argentine n'a plus été victorieuse depuis 1993 (Copa America) et les anciens restent marqués par les défaites récentes (trois finales perdues depuis 2015). «Parmi les onze joueurs alignés par Sampaoli à l'entraînement avant la Croatie, il y en a seulement trois de l'ancienne génération qui sont obsédés par un désir de revanche, avec un si grand désespoir que ça se transforme souvent en blocage psychologique», conclut Clarin. Ce nouveau pari est risqué pour Sampaoli, pour qui le faux pas reste interdit face à la Croatie. Sous peine de réveiller les vieux démons de l'Albiceleste.
Nenhum comentário:
Postar um comentário