Il brille, scintille, fait lever les foules. À 18 ans, Rodrygo Goes est un ouragan, débarqué au Real Madrid sans angoisse ni doute. Néo-international, le Brésilien entend bien inscrire son nom sur la durée.
Il est 20h58 à Istanbul. La ville est animée, comme toujours, tandis que l'incandescent stade de Galatasaray rêve d'un exploit face au grand Real Madrid. Sur la pelouse, isolé du brouhaha, Karim Benzema transmet des conseils. Il fait des gestes, imite les positions, guide un tout jeune joueur. Rodrygo Goes a 18 ans et il est titularisé pour la première fois en Ligue des champions. Ce sont ses premières minutes en C1, et son premier coup d'envoi tout court avec le maillot du Real. La pression est immense, mais le visage imberbe et hâlé du jeune Brésilien reste impassible. Grâce à un but de Toni Kroos, Madrid s'impose et se relance après deux revers. Rodrygo joue 82 minutes. Le round d'observation est passé. Quinze jours plus tard, grâce à un triplé et une passe décisive face à la même équipe de Galatasaray, au Bernabeu, c'est parti pour de bon. Un partidazo, comme disent les Espagnols. «Il n'y a pas d'âge pour bien jouer au football», décrit Zinédine Zidane à propos de son nouveau joyau, acheté 45 millions d'euros à Santos.
Le foot est toute sa vie»
L'âge, un détail pour l'instant. Car Rodrygo semble mature et déterminé. «Quand je l'ai rencontré, il était très tranquille, explique à FF José Felix Diaz, qui a réalisé la première interview européenne de Rodrygo pour Marca. Il était sûr de tout ce qu'il a dit, avec une tête réfléchie et de l'aisance. Son environnement est très calme, en commençant par l'agent puis sa famille.» À l'époque, le petit attaquant ne s'est pas encore installé en Espagne qu'il maîtrise déjà l'espagnol. Assurément, il a compris dans quel monde il était. «Son père était joueur pro et ça l'aide, poursuit Félix Diaz. Le foot est toute sa vie, il a baigné là-dedans depuis l'enfance.» Arrière droit modeste en deuxième division brésilienne, Eric Batista de Goes, dit «Eric», a transmis le virus au rejeton. Il suit la carrière attentivement, guide les choix mais prend aussi de la distance. «Nous ne lui avons jamais rien imposé, expliquait-il à Globo en 2013. Il a toujours eu à faire ses propres choix. Je pense que c'est Dieu qui lui a donné ce talent spécial. C'est un cadeau.» Rodrygo joue alors à Santos, et il se fait déjà remarquer. Nike lui fait signer son premier contrat à 11 ans, un record. Ses coéquipiers sont aussi sous le charme. Dribbleur, buteur et feu follet, Rodrygo reçoit un surnom tout trouvé : Neymarzinho.
Rodrygo :
"Mon idole dans l'équipe A du Brésil est Neymar mais j'aime aussi beaucoup Firmino.
Neymar est l'une de mes idoles, car il vient de Santos. Je suis arrivé en Europe plus jeune que lui, mais il est le joueur brésilien qui me ressemble le plus."
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Des qualités de dribbles, surtout de finition
«Je pense qu'il sait déjà qui je suis», rigole-t-il à Globo en 2013 à propos du fuoriclasse du Paris Saint-Germain. Il n'a que 12 ans, mais les yeux sont déjà braqués sur lui. La photo à côté de son idole - voir ci-dessus - restera d'ailleurs dans les souvenirs. Car à Santos, Rodrygo fait étalage d'un talent remarquable. Le Brésil n'est pas avare de pépites, plus ou moins éphémères, mais celle-ci se distingue par sa simplicité et son sens du but. Il est certes un ailier, mais il marque et se montre décisif. Une palette et des qualités que lui reconnaît volontiers André Jardine. «Je n'ai travaillé avec Rodrygo que pendant une semaine, détaille l'actuel sélectionneur des U20 du Brésil. Mais durant cette période, il s'est révélé être un grand professionnel, avec beaucoup de concentration, de qualité et de compétences. Il est toujours attentif au travail et à ses fonctions. Il est déjà un grand joueur de football et aura sûrement un grand avenir.» Surtout, ceux qui l'ont côtoyé relèvent une personnalité détendue et réfléchie. «Bien avant de venir à Madrid, et c'est surtout car il est passionné et intelligent, il avait déjà bien étudié le foot européen», éclaire José Felix Diaz ; «C'est un garçon très timide en dehors du terrain, très humble, mais concentré qui, sur le terrain, se transforme en un joueur déterminé, habile et agressif», complète André Jardine. À 18 ans, nul ne sait de quoi l'avenir sera fait. Mais assurément, Rodrygo, nommé au Trophée Kopa 2019 de France Football l'an passé, est sur le bon chemin.
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